Madame la Présidente,
Il est aujourd’hui clair que le mail de Madame Chavanier rappelant à chaque salarié les modalités du droit de grève a doté les directions de chaînes d’une assurance inouïe et d’une impunité totale.
L’usage en vigueur depuis toujours à Radio France concernant le respect du droit de grève, est que les émissions non livrées par les grévistes, réalisatrices et réalisateurs, (seuls responsables de la mise en diffusion des PAD), ne peuvent en aucun cas être remplacées par une rediffusion.
Forts de ce mail, le week-end dernier, les directions de chaînes ont sauvagement demandé aux producteurs de choisir une émission déjà diffusée, à proposer « en nouvelle écoute » aux auditeurs ; estimant qu’un message précédant la rediffusion suffirait à combler l’absurdité de ce geste.
Mais on ne sait jamais, peut-être les préparez-vous déjà à cette radio dégradée qui est votre grand projet ?
Les méthodes sauvages ne s’arrêtent pas là et depuis hier, les directions de chaînes sont passées à l’étape supérieure.
Alors que jusqu’à maintenant, pour le cas d’un direct, quand le réalisateur se déclare gréviste, il ne peut y avoir qu’un fil musical à l’antenne, voici qu’à présent, les directions de chaînes s’octroient le pouvoir d’aller se servir d’une émission pour la rediffuser, sans passer par un réalisateur.
Nous rappelons que seuls les réalisatrices-réalisateurs, assistantes-assistants à la réalisation, sont habilités par les accords collectifs de Radio France, à mettre en PAD les diffusions, comme les rediffusions.
Ces émissions ne sont pas des boissons fraîches destinées à étancher votre soif de violer notre droit inaliénable de grève.
Cette entrave est passible de poursuites pénales.
Nous ne pouvons offrir aux auditeurs qu’un programme pensé soigneusement. Vous leur jetez des rediffusions comme on jette de la pitance.
Comment pouvez-vous leur manquer ainsi de respect ?
Comment pouvez-vous nous dire les yeux dans les yeux que vous respectez notre travail ?
Nous vous demandons expressément de calmer vos troupes et de suspendre ces pratiques car à cette heure, vous et les directions êtes déjà allées bien trop loin.
Le feu est déjà aux poudres et vous vous appliquez à l’entretenir de jour en jour.
Parions qu’à la prochaine étape, il sera demandé à la mouche qui vole dans le studio de se déclarer gréviste pour que la grève s’entende.