Bulletin des Auteurs – Les auteurs de Doublage/ Sous-Titrage se sont mobilisés pour valoriser leur rémunération au sein des entreprises du secteur.

Emmanuel de Rengervé – Les organisations professionnelles, Snac, Ataa, Upad, ont publié en novembre 2021 les préconisations de rémunération pour les auteurs du secteur, car il n’y avait pas eu de revalorisation de ces rémunérations depuis les années 1990. Les auteurs ont constaté que ces préconisations n’entraînaient pas, dans les entreprises, de changement de leur rémunération. 2022 a été une année d’inflation et de tension pour tous les Français, et pour les auteurs. Au sein de certaines entreprises ont commencé à émerger des discussions entre auteurs, qui ont estimé que cette situation était inacceptable. Des courriers, émanant de collectifs d’auteurs de différentes entreprises, ont été adressés, d’abord au sein des entreprises les plus importantes, comme Dubbing Brothers, qui représente plus de la moitié du marché du doublage, où plus de deux cents auteurs ont signé une telle lettre ouverte. La mobilisation n’a pas été traitée de façon anormale par les entreprises. Un rendez-vous a été pris avant l’été 2022 avec Dubbing Brothers pour discuter des termes du courrier, et pour envisager de revaloriser la rémunération des auteurs. Le tarif, qui était depuis plus de trente ans à 221 euros la bobine, soit l’équivalent de dix minutes, a été porté à 250 euros. Une nouvelle valorisation a eu lieu à la fin de l’année 2022. Nous sommes maintenant, dans cette entreprise, à un tarif systématique de 275 euros la bobine, augmenté de 25 % en cas de « rush », quand on demande à un auteur de travailler dans l’urgence pour satisfaire un client. Par ailleurs, le fait d’accomplir certaines tâches techniques, liées à l’adaptation, doit être payé en sus, alors que jusqu’alors ces tâches n’étaient pas payées.

L’exemple de Dubbing Brothers a permis que s’établisse le même type de relations dans d’autres entreprises, avec plus ou moins de succès, mais les sociétés Eva-Local-is-action, Libra Film, Nice Fellow Kayenta Production (NFKP), Chinkel, Hiventy, Iyuno, ont suivi le mouvement, avec certes des différences dans la valorisation. La hausse des tarifs a été de 15 % à 25 % selon les entreprises. Le secteur du doublage a été principalement concerné, mais quelques demandes ont été faites dans le secteur du sous-titrage, avec moins de succès, certainement parce que la situation y est très différente en termes de volume de travail, et de besoin d’auteurs. Dans le domaine du doublage, les entreprises manquent d’auteurs disponibles pour satisfaire le marché.

Les collectifs d’auteurs ont amplifié le travail des organisations professionnelles, qui avaient préconisé des tarifs, à 33 euros la minute en télévision, et 44 euros la minute pour les films qui sortent en salle. Là, nous allons arriver à 29 euros la minute dans les entreprises les plus importantes. C’est un mouvement très positif, pour lequel il faut saluer les auteurs qui ont consacré leur temps à défendre les intérêts collectifs. Quand les auteurs sont mobilisés, ça marche !

 

Crédit de la photo d’Emmanuel de Rengervé : Snac.

Cet entretien est paru dans le Bulletin des Auteurs n° 152 (Janvier 2023)

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