L’Académie de la Musique africaine est membre du Snac – Un entretien avec Wally Badarou

Actualités L’Académie de la Musique africaine est membre du Snac – Un entretien avec Wally Badarou, musicien, représentant du groupement Musiques actuelles du Snac, ex-membre du conseil d’administration de la Sacem. Bulletin des Auteurs – Vous nous avez présenté l’Académie de la Musique africaine dans notre précédent entretien. Wally Badarou – L’Académie de la Musique africaine est effectivement, aujourd’hui, affiliée au Snac. L’idée est de permettre, entre autres, aux membres francophones de l’Académie, qui ont un éditeur en France, et sont membres de la Sacem, de pouvoir bénéficier du soutien juridique de la part du Snac. Pour l’instant nous avons pu venir en aide, en interne, à nos membres qui demandent un conseil juridique. Souvent une explication d’une clause d’un contrat suffit à éclairer la situation. Mais des questions juridiques plus complexes ne manqueront pas de se poser. Depuis cette année l’Académie de musique africaine, à travers le Ciam [Conseil International des Créateurs de Musique], qui est un département de la Cisac, et qui coordonne les fédérations continentales des auteurs et compositeurs, représente les auteurs compositeurs africains au sein de la Cisac [Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs et Compositeurs]. L’Assemblée générale du Ciam a lieu chaque année, dans un endroit différent de la planète. Au Brésil, au Mexique, à Washington, l’année prochaine à Paris. Cette année le Ciam tient son Assemblée générale, le mois prochain, à Johannesburg, en Afrique du Sud. L’Académie de la Musique africaine coorganise cette Assemblée générale avec l’une des sociétés d’auteurs sud-africaine, qui s’appelle « Capasso ». Des compositeurs venus du monde entier et d’Afrique surtout seront présents. Les problématiques auxquelles nous sommes déjà habitués, le streaming, l’intelligence artificielle, y seront abordées, ainsi que des questions proprement liées aux réalités du terrain, en Afrique, qui peuvent être tout autres. Par exemple l’accès au numérique : tout le monde n’a pas une adresse email, ou un ordinateur. Ceci dit, le Smartphone, qui est un objet très répandu en Afrique, a permis d’y combler à peu près la fracture numérique. Les réunions de l’Académie se passent bien évidemment presque toujours en visioconférence, à distance. Sans ces nouvelles technologies, l’Académie ne pourrait exister. Nous organisons des webinaires avec d’autres sociétés de droits d’auteurs, notamment australiennes, également avec l’IMPF, la Fédération internationale des éditeurs indépendants. Le métier d’éditeur de musique est peu connu en Afrique. Un éditeur de musique est un partenaire, qui peut être vertueux, du créateur. Il est un élément de la chaîne qui permet au compositeur de toucher des droits d’auteur. B. A. – Quelle est la situation de la gestion collective en Afrique ? W. B. – N’oublions jamais que l’Afrique est un continent, aux réalités extrêmement variées. L’Onda en Algérie, le Burida en Côte d’Ivoire, sont des sociétés de droits d’auteur qui fonctionnent bien. L’Ama est en train d’aider à la constitution d’une gestion collective à Sao Tomé, État lusophone. Nous nous attachons également au cas du Nigéria, ce colosse aux pieds d’argile, qui est dans un désert total concernant la gestion collective du droit d’auteur. Malheureusement, surtout dans les pays francophones d’ailleurs, ces sociétés sont des sociétés d’État, où la représentation des compositeurs dans la gouvernance de la société pose problème. Ils n’en sont pas forcément absents, mais peuvent être désignés par le ministère de la Culture au lieu d’être élus par leurs pairs. Sous un régime autoritaire la gestion collective risque de mal fonctionner. La collecte se fait, mais la répartition n’est pas assurée. La collecte va plutôt alimenter la caisse de l’État. Pratiquement, partout en Afrique, sauf dans deux ou trois pays, dont l’Algérie et l’Égypte, c’est l’État qui bénéficie directement de la rémunération de la copie privée. Ce sont autant de terrains de bataille pour l’Académie. B. A. – L’Académie nourrit-elle d’autres projets ? W. B. – Sur initiative de l’Académie, le droit d’auteur pourrait être inscrit dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Grâce au Ciam, nous avons partagé notre idée avec la Sacem, qui soutient nos actions pédagogiques, qui est très intéressée par notre initiative, et pourrait porter cette question auprès de la Cisac. Notre demande va passer par l’Ompi [Organisation mondiale de la propriété intellectuelle], qui défendra notre projet auprès de l’Unesco.

Les changements dans notre métier – Un entretien avec Marco Attali

Actualités Les changements dans notre métier – Un entretien avec Marco Attali, créateur de chansons, musicien, compositeur, parolier, interprète, responsable du Groupement Musiques Actuelles et Président de la Commission des Programmes Sacem. Bulletin des Auteurs – Avez-vous accès au contrat de commande en tant que créateur de chansons ? Marco Attali – Quand on écrit des chansons, on n’a pas de contrat de commande. Quand on compose de la musique d’illustration ou d’habillage, que d’aucuns appelaient jadis, d’une manière un peu péjorative, « musique d’ascenseur », on peut dire aussi musique d’ambiance, c’est devenu un peu le même cas, malheureusement. Quand on avait une demande de la part d’un éditeur de Librairie musicale, spécialisé en musique d’habillage, on lui fournissait la composition et l’enregistrement, c’est-à-dire le Master, en contrepartie de l’enregistrement nous recevions une espèce de prime. Même si l’on signait un accord en amont, ce n’était pas vraiment un contrat de commande. Et n’importe comment, cela a pratiquement disparu. En ma qualité de membre de la Commission des Programmes de la Sacem, nous avons constaté, les commissaires et moi-même, que la plupart des musiques d’illustration utilisées en fonds sonores, génériques, etc…, sont éditées par les chaînes diffuseurs, ce qui impacte fortement les revenus des créateurs, vu ce principe d’édition coercitive. Dans ma spécialité de créateur de chansons, on pouvait avoir un contrat avec un éditeur, avec une avance éditoriale, et la fameuse clause de préférence, qui vous oblige à lui proposer toutes les œuvres que vous créez. Il y avait un contrat en amont, mais ce n’était qu’une avance éditoriale, ce n’était pas une prime ni un contrat de commande. Cela aussi se fait de plus en plus rare. À une certaine époque, l’éditeur avec lequel on avait signé un contrat préférentiel pouvait vous mensualiser. Une telle mensualité pouvait atteindre mille euros par mois pendant la durée du contrat. J’en ai bénéficié. C’était également considéré comme une avance. En tant que créateur de chansons, je n’ai pas de contrat de commande, je ne touche que des droits d’auteur, même si je fournis le Master. Je ne touche pas de prime pour l’enregistrement. Hors d’un contrat préférentiel avec un éditeur, point de salut, en quelque sorte. Hors contrat, je ne suis lié à personne, mais c’est à moi de trouver la personne susceptible d’utiliser ma chanson. Mais là aussi c’est de plus en plus compliqué. Quand on signait, comme créateur de chansons, un contrat avec un éditeur, une major comme Sony, ou autres, c’est eux qui s’occupaient de placer vos chansons. En tant que responsable du groupement Musiques actuelles, je me rends compte, par rapport à voici quelques années, lors de nos réunions, qu’il n’y a pratiquement plus personne. On se retrouve en visio, on est quatre, cinq grand maximum. Que ce soit dans le rap, la variété, la pop, la musique urbaine, il y a de moins en moins de créateurs de chansons, maintenant les artistes-interprètes écrivent eux-mêmes leurs textes et leurs musiques. Ce sont eux qui touchent des droits d’auteur s’ils réalisent un succès. Être uniquement créateur de chansons ne génère pratiquement plus de droits d’auteur. J’ai la chance d’avoir eu un succès, « T’as le look, Coco », qui me rapporte toujours des droits d’auteur. Mais on ne place plus une chanson comme avant, quand un créateur de chansons et un.e artiste-interprète demeuraient fidèles l’un.e à l’autre. Quand une telle fidélité se créait, cela ne passait même pas par une major éditoriale, c’était un accord direct. Ça n’existe plus du tout. Désormais il faut être obligatoirement en contrat avec une major. Si moi je crée une chanson et si j’essaie de la placer directement, je n’ai absolument aucune chance. Avoir parcouru une carrière conséquente ne signifie plus rien aujourd’hui. Les chansons que je crée dorénavant, c’est pour moi. Je suis parolier, compositeur, interprète, producteur, éditeur. Si la chanson est une création à plusieurs, il y a des cosignataires. Pour les créateurs émergents ce n’est pas évident de rentrer dans le métier. B.A. – L’intelligence artificielle vous inquiète-t-elle ? M.A. – Avec l’intelligence artificielle, ça va être terrible. Si un réalisateur d’émission a besoin d’un générique, il ne va plus faire appel à un compositeur, il va appuyer sur le bouton du logiciel et dire : « Je veux une musique avec des cordes, style Mozart », il va l’avoir en cinq minutes. On ne pourra pas arrêter ce mouvement. Un label qui distinguerait les œuvres non créées par l’IA ne servirait pas à grand’chose. Le public s’en ficherait. Il faudrait trouver un moyen de rémunérer les créateurs pour leurs œuvres à partir desquelles l’IA fait sa cuisine. Le 12 octobre 2023, la Sacem a annoncé qu’elle exercerait son droit d’opposition (« opt-out ») afin de contrôler l’utilisation de son répertoire par des Intelligences Artificielles (IA) génératives. Cette mesure vise à protéger les droits d’auteur dans un contexte où les technologies d’IA exploitent souvent des œuvres sans autorisation ni rémunération. Comment redistribuer ensuite la somme parmi les créateurs, cela resterait à inventer. La Sacem y réfléchit. On va avoir des gens qui vont créer une composition avec l’IA et qui vont essayer de la déposer en tant que créateurs à la Sacem pour toucher des droits. Il faudrait un logiciel IA qui repère de l’IA. Pourquoi pas ? Il y a encore quelques années on se rendait compte quand c’était fabriqué avec l’IA, parce qu’avec le son ce n’était pas tout à fait ça, il y avait des erreurs, aujourd’hui l’IA est de plus en plus performante, on a du mal à reconnaître ce qui est faux. J’ai un ami qui m’a fait une démonstration avec une chanson de Charles Aznavour, une chanson qui existe. Il a séparé la voix, parce que maintenant on peut le faire, des arrangements. Avec l’IA il a rentré la voix toute seule de Charles Aznavour dans la mélodie de la chanson, et il a demandé à l’IA de faire une mélodie qui ressemble à cela, avec un texte qui ressemble au texte que dit la voix d’Aznavour, avec le son

Une musique pour le Snac – Un entretien avec M!sty

Actualités Une musique pour le Snac – Un entretien avec M!sty, autrice compositrice interprète, membre du groupement Musiques actuelles. M!sty, jeune autrice compositrice interprète, a composé une musique pour la ligne téléphonique du Snac, afin qu’une attente éventuelle devienne des plus agréables. Bulletin des Auteurs – Comment avez-vous été choisie pour être la compositrice de cette musique ? M!sty – Je suis la plus jeune compositrice parmi les compositeurs et compositrices qui sont membres du Snac. B.A. – Quel a été votre itinéraire ? M!sty – J’ai commencé à composer vraiment à l’âge de treize, quatorze ans. Ma sœur m’avait appris un peu à pianoter pour accompagner la voix, je suis autodidacte pour l’écriture comme pour la composition, j’ai pris deux cours, à tout casser, de MAO, musique assistée par ordinateur, sur le logiciel Ableton. J’ai enregistré un premier album chez un ami, qui a un studio, j’ai sorti cet album à l’âge de dix-sept ans, « Paradoxe », en même temps que j’ouvrais ma chaîne YouTube, c’est là que je poste le plus, j’ai soixante-dix vidéos actuellement. J’ai depuis sorti plusieurs singles, je suis présente sur toutes les plateformes. B.A. – Comment avez-vous composé cette musique pour le Snac ? M!sty – De base j’écris des chansons. J’avais plusieurs compositions libres de paroles, que j’avais créées grâce à mon logiciel Ableton. Je compose sur ce logiciel de son depuis plus d’un an maintenant, je commence à bien le maîtriser. J’ai proposé au Snac plusieurs musiques. Celle qui a été retenue, je l’aime bien, elle a été écrite voilà quelques mois. Je l’ai retravaillée pour le Snac. Elle dure deux ou trois minutes, avec une boucle de quinze à vingt secondes, pour être répétée lors des appels. B.A. – Comment avez-vous été amenée à adhérer au Snac ? M!sty – Comme j’allais devenir majeure, j’ai voulu me syndiquer. Comme à la base je suis assez militante, je trouve que c’est très important de se syndiquer. Ma mère s’est renseignée, et m’a aidée dans les démarches dès que je suis devenue majeure. Ça m’est arrivé plusieurs fois d’avoir des contrats avec des maisons de disques, on a un peu de mal à les lire si on n’a pas de formation en droit. Les producteurs et éditeurs ont souvent une façon de faire comme s’il y avait un seul contrat possible, alors qu’en réalité pas du tout, il y a mille façons de faire. Le site du Snac propose des contrats types, qui m’ont été très utiles autant pour appréhender ma présence dans l’industrie musicale, que pour en apprendre davantage sur le droit d’auteur. J’ai bénéficié de la possibilité de faire relire mes contrats, avant de les signer, par le Snac. En cas de tension éventuelle avec un producteur ou un éditeur, il est important de se savoir soutenue. Il faut soutenir une organisation qui nous soutient. Si elle ne me soutient pas moi maintenant, que je soutienne le syndicat servira à d’autres personnes qui sont dans des cas qui ressemblent au mien.

L’Académie de la Musique africaine – Un entretien avec Wally Badarou

Actualités L’Académie de la Musique africaine – Un entretien avec Wally Badarou Bulletin des Auteurs – Vous présidez l’Académie de la Musique africaine. Wally Badarou – En 2014, le directeur de la Sacem m’a interrogé sur la possibilité d’une action de la Sacem en Afrique. Compte tenu du passé compliqué de la France avec l’Afrique, je lui ai recommandé que la Sacem agisse en concertation avec les milieux de la musique africaine. Je lui ai proposé de créer une interface entre le monde de la gestion collective française et européenne et les milieux de la musique africaine. L’idée s’est élargie, dans la perspective de regrouper non seulement les auteurs-compositeurs mais toute l’industrie de la musique africaine au sein de l’Académie de la Musique africaine, qui serait l’équivalent de Tous pour la musique pour la France, « Musique » s’entendant au sens de « Musiques plurielles » bien évidemment, et qui comprendrait, au-delà de l’Afrique francophone, l’ensemble du continent africain, ainsi que les diasporas. Les diasporas historiques, c’est-à-dire celles issues de l’esclavage et de la déportation des Africains vers le Nouveau Monde, Amériques du Nord et latine, et les diasporas contemporaines, celles des Africains qui vivent à l’étranger. C’est un très vaste et ambitieux projet, qui a mûri durant une dizaine d’années dans le cadre d’une association loi 1901 créée en France, avec le soutien d’une trentaine de personnalités, telles que Papa Wemba, Youssou n’Dour, Manu Dibango. Il existe déjà sur le sol africain des structures, avec lesquelles il n’est pas question d’entrer en concurrence. Notre rôle est de valoriser et de fédérer ce qui existe et de créer là où rien n’existe. L’Académie se veut une entité de prestige, à laquelle l’existant désirerait appartenir. Elle s’appuie sur les organisations professionnelles nationales déjà opérationnelles, qui réunissent, dans plusieurs des 54 pays qui constituent l’Afrique, musiciens, compositeurs, producteurs, managers, luthiers, etc., et participent de l’industrie musicale africaine. Nous établissons un contact avec chacune. Notre première action a été de lancer des prix de l’Académie, à destination des candidats nominés par les associations locales et nationales, prix qui fonctionnent par collèges : par exemple les auteurs-compositeurs nominés au niveau national choisissent entre eux des auteurs-compositeurs de chacune des cinq régions qui composent l’Afrique : Afrique du Nord, Afrique de l’Est, Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, Afrique australe. Auxquelles s’ajoutent deux autres régions : Diaspora Amérique latine et Diaspora Caraïbes. Tous les représentants de chaque région élisent, à un troisième niveau, un représentant par catégorie. Notre premier palmarès a été dévoilé cette année. Le tout se passe en ligne, grâce aux avancées technologiques, qui ont bénéficié de la nécessité de s’adapter à la Covid. De grandes actions sont désormais possibles sans avoir à se déplacer, ce qui représente un gain précieux à l’échelle d’un continent comme l’Afrique. L’Académie fait appel aux universitaires, historiens, musicologues, pour constituer des bases de données, participer à des colloques, faire vivre cette histoire de la musique africaine, qui n’arrête pas d’influer sur la musique du monde entier. La déportation de la musique africaine vers le Nouveau Monde a donné naissance aux musiques actuelles, comme le gospel, le rap, le jazz, le rock’n roll, la samba, la salsa, le reggae, etc., qui agitent le monde entier. L’ADN rythmique de la musique du monde est africaine. C’est une conversation permanente entre l’Afrique et le monde entier, par le truchement du Nouveau Monde. B. A. – Comment la Sacem s’incrit-elle dans cette dynamique ? W. B. – L’Académie travaille main dans la main, au niveau des actions pédagogiques et des financements, avec l’ensemble des institutions, comme l’Europe ou l’Unesco, avec tous les organismes de gestion collective, la Sacem, la « Gema » allemande, La « PRS for Music » au Royaume-Uni, avec les grands écoles américaines comme « Berklee College of Music ». L’Afrique est le cœur de ce projet global. C’est une manière de rendre toute sa fierté au monde de la création africaine, et un enjeu d’immigration puisqu’il s’agit de faire comprendre qu’en Afrique les ressources existent, ainsi qu’uneformidable créativité. L’Afrique peut d’être fière de ce qu’elle accomplit sur place. On n’a pas idée de ce qu’il se passe en Afrique à l’heure actuelle. B. A. – L’Académie a le projet d’adhérer au Snac. W. B. – Être membre du Snac permet de bénéficier éventuellement de ses conseils juridiques. Si l’Académie devient membre du Snac, les membres de l’Académie pourront bénéficier de ces conseils. Vu le nombre des artistes africains francophones ayant contrat avec l’un de nos éditeurs en France, une telle opportunité sera précieuse. Ce sera une manière d’attirer des adhérents à l’Académie, et de faire rayonner le nom du Snac. Le principe a été validé par le conseil d’administration de l’Académie. Nous parlons maintenant des modalités avec le conseil syndical du Snac. Photographie de Wally Badarou. Crédit : Geneviève Badarou. Cet entretien a été publié dans le « Bulletin des Auteurs » n° 159, en octobre 2024.

MLC : les enjeux – par Wally Badarou, membre du groupement Musiques actuelles

Actualités MLC : les enjeux – par Wally Badarou, membre du groupement Musiques actuelles Chères amies, chers amis, Conformément à la loi MMA (Music Modernisation Act) adoptée par les États-Unis en 2018, un OGC a enfin été créé, la MLC (Mechanical Licensing Collective), pour collecter et répartir les droits mécaniques sur le online aux USA. Autrement dit, des sommes importantes dues par les plateformes s’étaient accumulées jusqu’à présent dans leur trésorerie depuis leur naissance, en attente de quelqu’un pour les collecter et répartir… De ces sommes, les plateformes ont révélé qu’une part importante (avoisinant le milliard de dollars, voire plus) était affectée à des œuvres non identifiées, d’origine étrangère aux USA pour la grande majorité. Officiellement opérationnelle à partir du 1er janvier 2020, la MLC tente de procéder à une première identification d’œuvres portant sur 424 millions de dollars à partir de ce mois d’avril 2021. Toujours conformément à la loi MMA, les sommes non réparties au bout de deux ans seront distribuées à tous les ayants droit d’œuvres identifiées au prorata de leur part de marché. En clair, elles seront récupérées par les majors dans deux ans, à partir de janvier 2023… Toujours conformément à la loi, la MLC a dû mettre à disposition du public un portail permettant de consulter sa documentation, autrement dit les œuvres qu’elle a identifiées. En voici le lien : https://portal.themlc.com/search. Il n’est absolument pas nécessaire d’adhérer à la MLC pour la consulter. Les œuvres non identifiées devraient faire l’objet d’une autre liste prévue pour la fin de l’année 2021. Qu’est-ce que tout ceci veut dire pour quiconque d’entre nous a créé des œuvres susceptibles d’une exploitation aux USA ? Simple : c’est de notre argent qu’il s’agit, et il serait insensé de ne pas utiliser ce portail (obtenu de longue lutte par vos représentants dont votre serviteur) pour vérifier que votre catalogue s’y trouve bien documenté, en appui à votre éventuel éditeur et à la Sacem bien naturellement. En cas d’irrégularité constatée sur cette documentation, trois cas de figure : S’il y a un éditeur, la lui signaler afin qu’il fasse les démarches auprès de son sous-éditeur aux USA qui, à son tour et en tant que membre de la MLC, pourra la corriger. Sinon, si on est membre de la Sacem, c’est à cette dernière de faire le nécessaire, avec un succès relatif cependant : selon les règles Cisac, les OGC étant souverains sur leur documentation propre, aucun ne peut obliger l’autre à corriger. Sinon (si ni édité, ni Sacem), il faut tenter de corriger par soi-même, en contactant la MLC: https://portal.themlc.com/contact-us, et s’armer de patience et de courage.   À bon entendeur… Photographie : Wally Badarou Crédit : Geneviève Badarou